Black Dog

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Pas de doute, le réalisateur chinois Guan Hu sait faire des films captivants. Avec sa fresque historique The Eight Hundred (sur la résistance des soldats chinois à Shanghai en 1937, encerclée par les Japonais), il a signé l'un des plus gros blockbusters de l'histoire du cinéma national(iste). Dans Black Dog, il adopte un tout autre ton en mettant en scène la star du cinéma d'action Eddie Peng dans le rôle de Lang, ex-rocker et ex-pilote de moto. En 2008, après dix ans de prison, ce dernier revient dans une ville industrielle désolée aux confins du désert de Gobi. Le père de Lang, un alcoolique à l'article de la mort, y dirige un zoo délabré, martyrisé par un boucher dont Lang aurait tué le neveu. Pour réhabiliter le fils prodigue, on l'affecte à une bande semi-criminelle chargée de nettoyer la ville des chiens errants, tandis que les haut-parleurs diffusent des slogans chantant un avenir radieux. Hu tire profit de ce décor fantomatique de manière envoûtante. Dès le premier plan, le bus dans lequel Lang arrive se renverse juste avant d'entrer en ville: une meute de chiens, surgie de nulle part, passe en trombe en faisant autant de bruit qu'un troupeau de chevaux. Plus tard, il y aura un tremblement de terre, puis une éclipse solaire qui entraînera un exode spectaculaire des badauds vers les collines lunaires de la banlieue; pendant ce temps, au centre ville, les animaux du zoo prendront le contrôle des lieux comme dans Underground de Kusturica. Quant à notre Clint Eastwood chinois, il bravera tous les adversaires dans la même solitude et le même mutisme, sortira indemne de tous les accidents et se liera même d'amitié avec un lévrier noir émacié qui, pour des raisons obscures, est érigé en danger public. Comme on l'a dit, les effets de western et de film noir sont parfaits; seuls les personnages restent dans le flou. Ils apparaissent, agissent et disparaissent comme l'exige le scénario: du moment que le perdant triomphe, le reste est secondaire. Black Dog a remporté le prix de la section «Un certain regard» à Cannes. Les éloges vont pleuvoir, c'est certain.